Ce premier épisode d’une chronique historique du football montpelliérain a été composé par Régis et publié initialement sur MHSC For Ever il y a quelques années.
La consécration en Coupe de France 1929
La période 1929-1931 représente incontestablement l’apogée du football montpelliérain durant le 20ème siècle.
En effet, après avoir décroché le prestigieux trophée de la Coupe de France en 1929, le “glorieux SOM” poursuivra son parcours d’excellence en atteignant les quarts de finale en 1930, puis la finale en 1931. Ces performances remarquables lui ont permis d’accéder au rang des clubs professionnels par la grande porte, s’imposant comme l’une des trois formations majeures du Sud-Est aux côtés du FC Sète et de l’Olympique de Marseille.
L’acronyme SOM désigne le Stade Olympique Montpelliérain, appellation portée par le club de 1921 à 1927, puis de 1928 à 1969. Entre 1928 et 1937, une légère modification fut apportée avec l’intitulé Sports Olympiques Montpelliérain, reflétant la volonté des dirigeants d’alors de développer une véritable vocation omnisports.
Cette nouvelle rubrique vous invite à découvrir les pages les plus mémorables de l’histoire du football montpelliérain, avant et après la Seconde Guerre mondiale.
Année 1929: Quand la Coupe de France s’invite à Montpellier…
On ne peut qu’éprouver une profonde admiration pour ces joueurs d’antan qui défendaient leurs couleurs davantage par passion pour leur club que pour des considérations financières.
Avant de retracer leur formidable épopée, rendons hommage aux protagonistes de cette période glorieuse :
Position | Joueurs |
Gardien | Gaillard (titulaire) ou Vallat (remplaçant) |
Défense | Olivet, Rolhion, Gaillard (remplaçant) |
Milieu | Bousquet, Dedieu, Mistral |
Attaque | Temple, E. Kramer, Titi. Kramer, G. Kramer, Sekoulitch Branislav (dit Branko) |
L’effectif montpelliérain comptait parmi ses rangs les frères Kramer, tous trois internationaux suisses (dont Georges, naturalisé français), ainsi que l’international yougoslave Sekoulitch.
Pour accéder à la finale, le SOM élimina successivement l’US Annemasse (5-2, le 6 janvier 1929 à Annemasse), le SO de l’Est (5-2, le 20 janvier 1929 à Montpellier), le FC Mulhouse (4-3, le 3 mars 1929 à Paris) et le Stade Rennais (5-0, le 17 mars 1929 à Bordeaux).
Avec un total impressionnant de 19 buts en 4 rencontres de coupe, on peut véritablement parler d’un football offensif et spectaculaire.
La demi-finale contre Saint-Raphaël
En demi-finale, le SOM affronta Saint-Raphaël, l’un de ses rivaux du Sud-Est, le 7 avril 1929 à Lyon. Le score final de 1-0 en faveur des Montpelliérains reflète une confrontation âpre, parfois rude et tendue entre les deux formations. Le but décisif fut inscrit à la 41ème minute de jeu : E. Kramer décocha un tir vers les cages adverses, dévié par un défenseur raphaëlois. G. Kramer, l’aîné des frères, récupéra le ballon et l’adressa délicatement devant les buts où Dedieu, esseulé, conclut imparablement.
La seconde période fut marquée par plusieurs incidents. Le demi-droit de Saint-Raphaël, Rapetti, asséna un direct du droit d’abord sur l’ailier gauche montpelliérain, Sékoulitch, puis sur Mistral.
Les irrégularités furent nombreuses du côté des vaincus qui, incapables de construire un jeu de qualité, se contentèrent d’anéantir les initiatives montpelliéraines.
La finale triomphale face à Sète
En finale, le SOM se mesura au FC Sète au stade Yves du Manoir à Colombes, devant le Président de la République Gaston Doumergue et 25 000 spectateurs enthousiastes. La rencontre s’apparenta à une finale de la “Cup” anglaise.
Durant la première mi-temps, le SOM, favorisé par le vent, se montra plus prompt à récupérer le ballon. Le demi-droit Bousquet prit constamment l’ascendant sur l’ailier gauche international sétois Galey, tandis que seul l’avant gauche Dormoy se montrait dangereux côté sétois.
Le premier but survint quatre minutes avant la pause. Une frappe de Sékoulitch “Branko” fut mal repoussée par le gardien sétois Henric, et Auguste Kramer n’eut qu’à pousser le cuir dans les filets.
Les Sétois dominèrent la seconde période sans toutefois inquiéter véritablement le portier montpelliérain Guillard. À trois minutes du terme, sur une contre-attaque, Edmond Kramer se retrouva seul face au gardien sétois et inscrivit le second but. La défaite de Sète était consommée.
Le SOM prenait ainsi sa revanche sur le FC Sète qui l’avait éliminé 3-1 le 5 février 1928 en huitième de finale de cette même compétition.
Pour les Sétois, il s’agissait d’une troisième défaite en finale après celles de 1923 contre le Red Star (4-2) et de 1924 face à l’Olympique de Marseille (3-2). Ils prirent leur revanche en s’imposant en finale en 1930 contre le Racing Club de France (3-1), puis en 1934 contre l’Olympique de Marseille (2-1). Notons qu’en 1928, l’orthographe “Sète” remplaça officiellement celle de “Cette”, utilisée jusqu’alors.
La presse nationale salua l’émergence d’un nouveau club pratiquant un football empreint de vivacité, d’enthousiasme et de technique, à l’image de Sékoulitch, footballeur yougoslave élégant et techniquement raffiné.
Quelques mois plus tard, le krach boursier de Wall Street à New York plongeait l’économie mondiale dans une récession sans précédent, mais ceci est une autre histoire.