Les stades historiques du football montpelliérain (1905-1998)

L’histoire du football à Montpellier s’écrit aussi à travers celle de ses stades. Depuis les premières rencontres disputées sur des terrains militaires jusqu’à l’imposant stade de la Mosson qui accueillit la Coupe du monde 1998, ces enceintes sportives racontent l’évolution d’un club et d’une ville. Voici un voyage chronologique à travers les différentes installations qui ont abrité la passion du ballon rond à Montpellier.

Le Champ de Manœuvres (1905-1920) : Les premières foulées

Situé à l’emplacement de l’actuel Parc Montcalm (avenue de Toulouse, rue de Bugarel), ce terrain appartenant à l’Armée a accueilli les premières rencontres de rugby et de football au début du XXe siècle. C’est sur cette pelouse rudimentaire que les premiers clubs montpelliérains comme le Stade Montpelliérain, l’USEM, l’ESM et le Montpellier Sportif ont fait leurs débuts, posant les fondations du football dans la cité languedocienne.

Terrain de la Croix Bonhomme – Futur Stade Sabathé (1908-1930)

Situé au 67 bis avenue de Toulouse, ce terrain fut loué en 1908 par le Stade Montpelliérain. Il portait le nom de la rue près de laquelle il se trouvait. Bien que les sources historiques restent imprécises, il semblerait que ce terrain soit l’ancêtre du futur Stade Sabathé.

En 1925, sous l’impulsion du professeur Jean Coll de Carrera, les premières études en vue de la construction d’un grand stade de rugby à Montpellier furent lancées. Quelques années plus tard, le Terrain de la Croix Bonhomme fut acheté par Coll de Carrera (président de l’US Montpellier) puis cédé à la Ville. L’inauguration officielle eut lieu le 11 novembre 1930 lors d’un match opposant l’USM à Narbonne.

En 1944, l’enceinte fut rebaptisée Stade Jean Sabathé en l’honneur du capitaine de l’USM, décédé trois ans plus tôt dans un accident. Jusqu’en 2007, ce stade resta le temple du rugby montpelliérain, abritant les rencontres de l’USM, du Stade Montpelliérain puis du MRC/MHRC. Il est désormais le stade des treizistes du Montpellier Rugby League.

Avec sa capacité d’environ 6500 places (incluant l’ancienne tribune en bois du stade de la Mosson, remplacée par Gevaudan), il représente aujourd’hui le plus ancien site sportif montpelliérain encore en activité.

Le Parc à Ballons (1910-1923)

Situé derrière le Lycée Joffre, près de l’actuel Lycée Mermoz, ce terrain militaire était prêté par l’Armée. Il accueillit divers clubs montpelliérains (La Gerbe, Racing Club de Montpellier, Stade Lunaret, SOM) entre 1910 et 1923 au minimum. Une résidence porte désormais ce nom, seul vestige de ce passé footballistique.

Terrain de la Paille (1913-1914)

Situé derrière l’ancienne gare Chaptal, à quelques centaines de mètres de l’Avenue de Toulouse (rue de Claret), ce terrain portait le nom du quartier où il était implanté. Inauguré en novembre 1913, il devint le domicile du Football Club Montpellier (ancien Stade Michelet), considéré comme le meilleur club montpelliérain d’avant-guerre. Aujourd’hui, une résidence nommée Cité La Paille occupe cet emplacement historique.

Stade des Aubes (1920-1922)

Situé entre les avenues Saint-Maurice de Sauret, Saint-Maur (partie Nord) et la ligne SNCF dans le quartier des Aubes, ce stade fut acheté en 1920 par l’Association Générale Sportive Montpelliéraine (AGSM). Il accueillit les matchs du SOM pendant deux saisons, avant qu’un litige entre la société propriétaire et les dirigeants somistes n’oblige le club à quitter les lieux en 1922.

En février 1925, le Conseil Municipal de Montpellier décida l’achat du Stade des Aubes pour 550 000 francs afin de créer un parc des sports municipal, projet qui ne semble jamais avoir été concrétisé.

Le Parc des Sports de l’avenue du Pont Juvénal (1923-1971)

En juillet 1923, encouragés par de bons résultats et soucieux de trouver un stade permanent pour leur club (alors sans réel domicile fixe), les dirigeants du SOM achetèrent un terrain situé sur l’avenue du Pont-Juvénal (actuel quartier Antigone). Ils y construisirent un stade nommé Parc des Sports qui fut inauguré le 30 septembre 1923, lors d’un match amical contre l’AS Cannes.

Ce stade, situé à quelques minutes à pied de la Place de la Comédie, attira rapidement de nombreux spectateurs grâce à sa capacité d’environ 16 000 places. Pendant plus de cinquante ans, le Parc des Sports devint le haut lieu du sport montpelliérain. On y pratiquait également le Rugby à XIII, discipline dans laquelle les Diables Rouges de l’US Montpellier excellèrent dans les années 50.

Cette enceinte connut tous les exploits du glorieux SOM avant d’être progressivement abandonnée lors de la saison 1967-1968, au profit du stade Richter. Le dernier match disputé au Parc des Sports fut un huitième de finale de Coupe de France entre le Montpellier-Littoral SC et l’AS Monaco (1-4), joué le 28 mars 1971. Quelques jours plus tard, le vénérable Parc des Sports disparaissait sous les coups des pelleteuses.

Stade Richter (1968-1977)

Situé à l’emplacement de l’actuelle Faculté de Sciences Économiques, sur la rive opposée du Lez par rapport au Parc des Sports, le stade Richter tirait son nom des anciens propriétaires des terrains, la famille Richter, qui exploitait une pépinière.

Construit à la fin des années 60, il accueillit les matchs du SOM puis du Montpellier Littoral SC entre 1968 et 1974. Il suppléa également le stade de la Mosson (alors non homologué) lors de certaines rencontres de Coupe de France du Montpellier Paillade Sport Club jusqu’en 1977.

La dernière rencontre jouée à Richter fut un seizième de finale de Coupe de France opposant le MPSC à Dunkerque (2-3). À partir de 1977, le stade n’accueillit plus de rencontres de football et céda définitivement sa place au stade de la Mosson. Il se transforma alors en espace de spectacles, avant qu’au début des années 1990, une partie de l’Université Montpellier 1 ne soit construite sur les ruines de l’ancien stade.

Stade de la Mosson : De l’humilité à la gloire mondiale (1974-1998)

Les débuts modestes (1974-1981)

En 1974, le Montpellier La Paillade Sport Club Littoral, issu de la fusion du Montpellier Littoral SC (qui évoluait à Richter) et de l’AS Paillade (club de quartier jouant sur un petit stade de district), élut domicile à La Paillade, au Stade de la Mosson. Situé en bordure de la rivière dont il tire son nom, ce stade était régulièrement inondé et n’accueillait alors que les rencontres de Division d’Honneur du MPSCL, avec des affluences dérisoires d’environ 150 spectateurs.

La légendaire Butte (1977)

L’histoire du stade de la Mosson ne peut être évoquée sans mentionner la fameuse “Butte”. Celle-ci fut créée en 1977 pour la venue du voisin nîmois en seizième de finale de la Coupe de France, afin d’accueillir un maximum de spectateurs. Ce sont les supporters eux-mêmes qui la construisirent, apportant de la terre, la tassant en espalier et installant des traverses de chemin de fer en guise de gradins. L’ambiance y était particulièrement intense pour les adversaires, faisant de la Mosson un véritable “chaudron” parfois qualifié de “marmite du diable”.

L’évolution du stade (1981-1994)

Avec l’accession du club en première division en 1981, les groupes de supporters se structurèrent et la démographie des spectateurs évolua, attirant une population de plus en plus jeune. La butte commença à perdre son caractère familial. L’ajout de béton et d’une couverture améliora le confort et augmenta le nombre de places, mais l’ambiance, bien que toujours présente, s’en trouva légèrement altérée.

Cette période marqua le début de la restructuration du stade avec l’augmentation de sa capacité et la construction de nouvelles tribunes au Sud et à l’Ouest. L’annonce de la candidature de la France à l’organisation de la Coupe du Monde 1998 interrompit temporairement les travaux, dans l’attente de potentielles nouvelles sources de financement. Les plans de la dernière tribune furent transformés en 1994 lorsque la Mosson fut officiellement sélectionnée par le Comité Français d’Organisation pour accueillir des matches du Mondial.

La consécration mondiale (1998)

En 1998, la France et Montpellier ayant obtenu le privilège d’accueillir la Coupe du Monde, le stade fit l’objet d’une rénovation majeure. Les modifications inclurent le passage obligatoire au “tout assis” (auparavant il n’y avait pas de sièges dans les virages), le remplacement des grillages latéraux par des filins élastiques, et la construction d’une imposante tribune à trois niveaux remplaçant l’ancienne tribune en bois, ainsi que l’aménagement d’un stade annexe. Ces transformations portèrent la capacité du stade d’environ 20 500 à 32 500 places.

Ce stade rénové, devenu l’écrin moderne du football montpelliérain, représente aujourd’hui l’aboutissement d’une longue évolution des infrastructures sportives de la ville, illustrant parfaitement la progression du club depuis ses modestes débuts jusqu’à son statut actuel de place forte du football français.

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